Un mouvement furtif dans les broussailles, la vue d’une queue effilée disparaissant derrière une pierre : vous voilà tétanisé… Les plus rampants de nos reptiles intriguent et inquiètent. L’herpétophobie représente l’une des aversions les plus communes au monde. Elle concerne 5 % de la population. Pourtant, de la simple crainte à l’ophiophobie, il est possible de vaincre sa peur des serpents ! On vous dit tout sur la méthode en 3 étapes qui vous permettra de gérer votre réaction de panique à la vue de ces porteurs d’écailles. Une thérapie progressive, facile et efficace pour surmonter son angoisse.
Étape 1 pour gérer son angoisse des reptiles : apprendre à les connaître
Pourquoi a-t-on peur des serpents ?
Innée ou acquise, l’origine de la peur des serpents divise encore la communauté scientifique. Pour certains, cette réaction de défiance se serait naturellement transmise au fil de l’évolution. Elle serait inscrite dans notre patrimoine génétique depuis des temps où ils représentaient une réelle menace pour les primates. Pour d’autres, elle est culturelle, et s’apprend en reproduisant le comportement de nos ancêtres. S’il est difficile de trancher entre ces deux points de vue, il est évident que la persistance de cette angoisse au sein de populations non exposées à des espèces dangereuses est liée avant tout à la méconnaissance.
« On n’a vraiment peur que de ce qu’on ne comprend pas. » Guy de Maupassant
Premiers pas pour gérer sa phobie
La première étape pour commencer à apprivoiser votre phobie consiste donc à apprendre et à comprendre. Intéressez-vous à la représentation de ces animaux dans les différentes sociétés et au fil de l’histoire. Sacrés en Inde, sources du péché originel dans la religion chrétienne, les serpents se voient attribuer vices ou vertus selon les civilisations. N’est-ce tout simplement pas parce qu’ils ont fasciné l’Homme de tout temps ? Si leur seule vue vous terrorise, sortez doucement de votre zone de confort. Commencez par écouter des podcasts sur les reptiles en général, et les serpents en particulier. L’intérêt de la démarche réside dans le fait d’appréhender leur mode de vie et leurs comportements. Vous vous apercevez ainsi de plusieurs constats.
- Ces reptiles « fonctionnent » comme tous les autres animaux. Ils se nourrissent, se reproduisent, prédatent, sont prédatés et constituent des éléments importants dans l’équilibre de notre écosystème.
- En France métropolitaine, le danger que représentent les serpents pour l’Homme est vraiment très limité (1 décès par morsure sur 580 000 décès par an).
- Les nombreuses histoires que l’on raconte sur eux sont en fait de pures légendes (spoiler : non, les serpents ne dévalent pas la montagne à votre poursuite en se mordant la queue pour former une roue !).
Cette phase doit vous permettre de démystifier les serpents. Ces animaux ne sont pas vicieux, ni d’ailleurs plus étranges que les autres espèces avec lesquelles vous cohabitez tous les jours. Une fois familiarisé avec leurs mœurs, vous devez être convaincu que les apercevoir ne vous met pas en danger. Si c’est le cas, le temps de l’étape 2 est venu !
Étape 2 pour affronter son herpétophobie : accepter d’observer
Il existe plusieurs façons d’observer les reptiles sans être confronté directement à leur présence. Illustrations, photographies et vidéos vont vous accompagner dans cette nouvelle étape.
Approche par l’observation de différentes formes de représentations
On commence bien évidemment par le moins angoissant : les illustrations. Vous en retrouvez dans les albums pour enfants, dans les livrets pédagogiques ou dans les bandes dessinées. Proposées sous un aspect ludique, elles permettent de s’accoutumer à la forme globale du serpent avec des personnages aux mines sympathiques. Vous pouvez également vous amuser à les dessiner et à les colorier, même si vous êtes adulte. Et pourquoi ne pas en confectionner à partir de pâte à sel ou de pâte à modeler ?
Lorsque vous vous sentez à l’aise avec les illustrations, vous êtes prêt pour observer des photographies de serpents. Idéalement, demandez à un proche d’en sélectionner quelques-unes pour vous. Préférez, dans un premier temps, celles où les sujets se présentent la bouche fermée, la langue rentrée, sont visibles en entier et ne regardent pas l’objectif. Cette posture neutre facilite le contact visuel. Prenez le temps d’étudier l’animal en détail et verbalisez ce que vous voyez et les sentiments que cela suscite en vous.
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Approche thérapeutique
Si à cette étape votre cœur palpite, que vos mains deviennent moites et que la panique s’installe systématiquement et sans aucune amélioration, il est inutile d’insister ! Gérer ses émotions est un exercice complexe. Une sensibilité trop forte à un stimuli ne se contrôle pas avec de la simple volonté. Il est temps de recourir à une thérapie pour gérer votre phobie. Plusieurs méthodes s’offrent à vous.
- L’hypnose permet de se confronter à sa peur, afin de lui ôter sa légitimité, dans un cadre sécurisant.
- L’EMDR, psychothérapie basée sur les mouvements oculaires, vise à atténuer progressivement, jusqu’à leur disparition, les réactions liées à une image ou un souvenir.
- La thérapie cognitive comportementale (TCC) consiste à se déconditionner pour retrouver une réponse appropriée à une situation donnée.
En quelques séances, ces méthodes très efficaces vous autoriseront à observer une photographie de serpent sans défaillir. Vous voici désormais capable de partir à leur rencontre !
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Étape 3 pour vaincre sa peur des serpents : se confronter à leur présence
Les premières étapes de votre désensibilisation passées, vous confronter à la présence d’un serpent va permettre de confirmer votre victoire sur la peur. Afin de progresser en douceur dans votre démarche, les rendez-vous avec vos nouveaux amis à écailles vont se dérouler en trois phases.
Rencontre avec les reptiles
Pour votre observation initiale, direction le zoo ou un magasin de vente spécialisé dans les reptiles. Vos premiers échanges de regards se feront ainsi à travers la vitre rassurante d’un terrarium ! Dans ce cadre sécurisé, vous pouvez prendre un moment pour détailler l’animal et constater sa relative placidité. Vous remarquerez également qu’un serpent demeure la plupart du temps inactif. En cause, la digestion de ses proies qui peut durer plus d’une semaine. À ce moment-là, il cherche la chaleur et la tranquillité pour accélérer le processus. Et votre présence représente le dernier de ses soucis…
Le terrarium, c’est bien, mais rien ne vaut une observation dans leur milieu. La Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), les associations locales, les conservatoires d’espaces naturels ou les parcs et réserves proposent des sorties à la découverte des reptiles. Lors de ces balades accompagnées par un animateur expert en herpétologie, vous pouvez appréhender le comportement spontané d’un serpent et vous rendre compte que :
- ils sont rares et difficiles à apercevoir lorsqu’on se promène ;
- lorsque vous en trouvez un, il est difficile de l’observer, car l’animal, très craintif, fuit souvent avant même que vous ayez pu le contempler ;
- les rencontres avec les vipères, seules espèces possédant du venin en France métropolitaine, demeurent exceptionnelles, celles-ci étant malheureusement en voie de disparition.
Fort de ces trois constats, vous allez relativiser les risques liés à une confrontation fortuite !
Osez le contact
Si vous êtes désormais à l’aise avec la proximité d’un serpent, vous pouvez envisager d’en manipuler un. Pourquoi ? Pour prendre définitivement le dessus sur votre appréhension ou votre dégoût. Vous vous apercevrez qu’il n’est ni froid ni visqueux ! Les reptiles sont des animaux dits « à sang froid », mais cela ne signifie pas qu’ils possèdent une température basse en permanence. Celle-ci s’ajuste au milieu dans lequel ils se trouvent. À leur contact, point de sensation glaciale, mais le simple reflet de la chaleur ambiante. Par ailleurs, ceux-ci sont recouverts d’écailles. Cette caractéristique leur donne un toucher sec et doux, loin de la perception gluante que beaucoup imaginent.
👉🏽Rappelons que toutes les espèces de serpents de France métropolitaine sont protégées. Or, pour les manipuler, il faut être titulaire d’une habilitation sous peine d’écoper d’une forte amende. Profitez de sorties organisées par des professionnels près de chez vous ou de stages de désensibilisation en animalerie pour réaliser cette phase.
Vous avez réussi les étapes une à une, et la vue d’un reptile ne vous donne plus de sueurs froides. Peut-être même commencez-vous à apprécier leur singularité. Grâce à l’expérience et aux connaissances acquises lors de votre désensibilisation, vous êtes désormais en mesure d’aider d’autres personnes à vaincre leur peur. Vous voilà prêt à devenir ambassadeur des serpents !
Stéphanie ANDRÉ, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Nicolas, tuteur de formation chez FRW.
Sources :
https://www.vidal.fr/maladies/psychisme/phobie.html
https://www.hypnose.fr/hypnose/definition-hypnose/
https://www.aftcc.org/les-therapies-comportementales-et-cognitives