Selon les chiffres de l’ENP (Enquête Nationale Périnatale) et de l’Obseff (Observatoire Épidémiologique de la Fertilité en France), 15 à 25% des couples sont concernés par l’infertilité en France. On parle d’infertilité lorsqu’il y a absence de grossesse malgré des rapports sexuels réguliers non protégés au-delà d’un an. En cause, de nombreux facteurs tels qu’une réserve ovarienne faible ou insuffisante, une maladie génétique du côté de la femme (endométriose, sténose tubaire), plusieurs échecs de fécondation in vitro ou encore un âge avancé. L’insuffisance ovarienne étant la première cause d’infertilité, elle ne peut être résolue que par un don d’ovocytes. Avec l’ouverture récente de la PMA (Procréation Médicalement Assistée) aux homosexuelles et aux femmes célibataires, la demande est en constante croissance. Afin d’y répondre, il est possible de donner ses ovocytes pour permettre à une ou plusieurs femmes d’accéder à la maternité. Pour cela, quelques informations sont à connaître avant d’entamer une procédure de don.

Qu’est-ce que le don d’ovocytes ?

Il ne faut pas confondre « ovocyte » et « ovule » : l’ovule est créé à partir de la fécondation d’un ovocyte (gamète femelle) et d’un spermatozoïde (gamète mâle). Il ne s’agit donc pas d’une ponction d’ovules, mais bien de gamètes (appelés aussi follicules). Ces cellules sont manipulées en laboratoire puis réimplantées chez la receveuse. Il s’agit d’un acte qui nécessite une certaine disponibilité de la part de celle qui s’engage à offrir, associé à un protocole médical plus complexe. C’est un geste bénévole et aucuns frais ne sont à avancer. Les éventuelles dépenses liées au don : indemnités journalières, remboursement des transports, hébergement, sont prises en charge par la sécurité sociale. C’est également une initiative anonyme au moment de la démarche. Depuis le 1er septembre 2022, en France, l’enfant né de ce protocole AMP peut accéder à son dossier médical pour connaître sa donneuse. Celle-ci peut bien sûr faire le choix de s’opposer à cette révélation d’identité.

don d'ovocyte vitrification

Transformation cellulaire de l’ovocyte en laboratoire, appelée vitrification ovocytaire. Source : Pixabay.

Quelles sont les conditions requises pour donner ses ovocytes ?

Contrairement au don de sang, il n’y a pas de profils particulièrement recherchés chez celles qui offrent leurs gamètes : elles sont toutes bienvenues. En revanche, elles doivent remplir certaines conditions. Il faut :

  • Avoir entre 18 et 37 ans.
  • Être en bonne santé.
  • Avoir le consentement de l’époux, conjoint ou partenaire.
  • Accepter l’anonymat et le bénévolat : il n’est pas possible de connaître le nombre d’enfants nés de ce don, tout comme il n’est pas envisageable d’être rémunéré pour cela.
  • Être d’accord pour offrir à une inconnue : en France, il n’est pas autorisé de léguer ses ovocytes à un proche.

Il n’est pas contre-indiqué de faire un don de gamètes sans avoir préalablement eu des enfants. Il faut également consentir à effectuer des examens médicaux et gynécologiques, et des injections sous-cutanées (cuisses et ventre).

Comment se déroule la procédure ?

La démarche s’effectue dans un hôpital universitaire (CHU), au sein du centre d’étude et de conservation des œufs et du sperme (Cecos). Il est donc nécessaire dans un premier temps de trouver le service AMP le plus proche 🏥. À la suite de ce premier contact, plusieurs documents sont à remplir, et un rendez-vous avec la gynécologue est fixé : il sert d’entretien d’informations sur le don et les examens qui lui sont liés. Après une période de réflexion, le centre AMP recueille les consentements de la donneuse et du conjoint.

Une fois ces démarches administratives clôturées, les premiers examens sont effectués:

  • un bilan sanguin (recherche du rhésus, syphilis, V.I.H., chromosomes) ;
  • un entretien avec un(e) psychologue ;
  • une échographie pelvienne pour écarter toute maladie génétique comme l’endométriose.

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Consécutivement à ce bilan médical, la procédure peut commencer : il s’agit de réaliser plusieurs injections à domicile (administrées par une infirmière ou par la donneuse elle-même) à heures fixes afin de stimuler la production de gamètes. Tout au long du protocole, plusieurs échographies et prises de sang sont faites régulièrement. Lorsque les injections sont terminées et que l’échographie révèle un nombre correct de follicules, une ponction est pratiquée : le prélèvement des ovules a lieu en hospitalisation ambulatoire. Il s’agit d’un acte non invasif, qui s’effectue par voie vaginale sous contrôle échographique et sous anesthésie. À l’issue du don, l’équipe médicale reste disponible pour répondre aux questions et assurer un suivi de l’état de santé de la donneuse. Elle peut également demander à conserver quelques-uns de ses ovocytes pour son usage personnel futur. Il est important de savoir qu’elle a aussi le choix de changer d’avis et d’abandonner la procédure à tout moment.

Quels sont les risques ?

Bien que le risque zéro n’existe pas, il n’y a aucune complication grave recensée pour la donneuse à ce jour. Les ovocytes se renouvelant à chaque cycle menstruel, il n’y a pas non plus d’atteintes à la fertilité. Comme tout acte médical, le don d’ovocytes est encadré par un protocole strict afin d’écarter tout problème pour la donneuse et pour la receveuse, ainsi que pour les enfants à venir. En revanche, il est possible de ressentir des effets postopératoires comme des douleurs pelviennes ou une sensation de pesanteur, et des saignements vaginaux bénins. Il faudra également prendre en compte le déséquilibre provisoire du cycle menstruel. Tous ces effets secondaires sont liés à la stimulation ovarienne et au prélèvement. Ils sont sans gravité et éphémères. Il est d’ailleurs possible de reprendre le travail dès le lendemain. Ces informations valent pour la France. Dans certains pays, les lois concernant l’AMP ne sont pas aussi inflexibles et ce manque de contrôle médical peut nuire à la santé des patientes.

Où s’informer pour faire un don ?

Plusieurs sites permettent de collecter toutes les informations nécessaires avant de se rapprocher d’un centre et aller plus loin.

  • Le service public qui reprend les conditions et les démarches pour devenir donneuse.
  • la CPAM à laquelle vous êtes rattachée, pour connaître les droits aux aides et la prise en charge des éventuels frais.
  • Les centres agréés, hôpitaux et maternités dotées d’un service AMP. C’est avec ce centre que le protocole se fera du premier rendez-vous d’informations à la ponction finale.
  • Les réseaux sociaux, les 🖥️ forums de discussion, pour lire des🎤 témoignages, poser des questions, partager avec d’autres donneuses ou futures donneuses.
donner ses ovocytes panier

Donner ses ovocytes : un acte de générosité avant tout. Source : Pexels

Donner ses ovocytes est un acte simple sur le plan médical, mais qui engage celle qui les offre sur le plan physique et psychologique. Il s’agit d’une démarche qui demande du temps, de l’énergie et l’acceptation du don de soi dans le plus strict anonymat. Il faut accepter de partager une part de sa génétique de manière bénévole et totalement désintéressée. Cet acte de générosité a fait valoir le surnom de « Fée »🧚‍♀️ou « Donneuse de bonheur » à celles qui apportent cette aide aux couples qui attendent impatiemment un enfant. Savoir combien de grossesses sont engendrées par le don est confidentiel, mais il est possible de connaître le nombre de follicules prélevés par simple demande auprès de l’équipe médicale. Plusieurs femmes se verront implanter un ou plusieurs ovocytes qui offriront 50 % de chance d’aboutir à une grossesse. En revanche, il est primordial de connaître l’encadrement légal et médical du pays dans lequel la ponction sera faite. La France restant le pays de l’Union européenne qui a le plus d’obligations sanitaires et de protocoles stricts dans les protocoles AMP. En 2019, l’activité de l’AMP n’a cessé de progresser, permettant à 409 bébés de naître à la suite d’un don d’ovocytes. Toutefois, elle s’est vue diminuer de 30 % en 2020. Toutes les procédures en cours ont été suspendues lors de la première vague de Covid-19, mettant à l’arrêt le circuit de tentatives de procréation de milliers de couples.

Et si monsieur souhaite lui aussi devenir un « Donneur de Bonheur », il peut également se rapprocher d’un centre AMP afin de faire 🍌un don de sperme. Ce type de geste rejoint celui de la moelle osseuse (différent de la moelle épinière), que l’on fait de son vivant. D’autres peuvent être réalisés à titre posthume, et  🫁 sauvent des vies : le don d’organes.

 

Sources :

Site officiel du don d’ovocytes

Service public

Campagne d’informations de l’Agence de la Biomédecine

CHU de Lille, service AMP

Fiv et recours au don

Inserm : dossier sur l’infertilité

Axelle Bessière, pour E-writers

Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.

Article relu par Anne, tutrice de formation chez FRW.