La nouvelle génération bouscule le modèle binaire que nos sociétés connaissent depuis la nuit des temps. Pourtant, l’identité de genre n’est pas si simple. Une partie des jeunes, qui refuse cette binarité, prétend à la différence entre le genre assigné à la naissance et l’identité de genre. Celle-ci est le sentiment profond et fort de se sentir homme, femme, ni l’un ni l’autre ou les deux à la fois. Le genre ressenti n’étant pas forcément celui inscrit sur la pièce d’identité, il faut pouvoir se définir autrement. Différentes identités et expressions de genre apparaissent donc dans la société, revendiquées notamment par la communauté LGBTQIA+. Homme, femme, féminin, masculin : jusque là tout est clair. Non-binaire, genderfluid, genderqueer… ça se complique ? Vous avez sans doute déjà entendu ces mots, mais leur signification reste floue ? On vous propose un tour d’horizon en trois questions, pour mieux comprendre.
1- Que signifient genre, identité de genre et transidentité ?
Il est important de comprendre ces termes avant d’aller plus loin, car l’absence de définition claire peut mener à des interprétations douteuses…
Le genre et l’identité de genre
Le genre est la construction sociale de l’identité féminine ou masculine, qui varie selon l’histoire et les sociétés, car elles y associent les caractéristiques. L’identité de genre est la conviction intime et personnelle de se sentir « homme », « femme », ni l’un ni l’autre ou les deux à la fois. C’est un sentiment profond et fort, qui ne se choisit pas. Il peut être en accord ou non avec le genre assigné à la naissance (basé sur les organes génitaux).
Drapeau de la fierté transgenre, dessiné par Monica Helms en 1999.
La transidentité
Lorsqu’il y a une discordance entre le genre ressenti et le genre assigné, on parle alors de personnes transgenres et donc de transidentité. À l’inverse, les individus qui ont une identité sexuelle psychique en accord avec leur sexe biologique sont cisgenres. On retrouve les racines latines (cis : « du même côté » et trans : « de l’autre côté »). La cisidentité représente la majorité de la population.
Il est difficile de dire combien d’identités de genre existent, car il y a autant de nuances que de personnes. On peut toutefois définir les plus répandues. Certaines suscitent des interrogations et parfois le rejet au sein de la société. Vous vous demandez ce que signifient non-binaire, genderfluid, genderqueer… vous ne comprenez pas la différence entre sexe et genre ? Votre adolescent vous en parle et vous vous sentez dépassé ? Vous ressentez vous-même une discordance et vous ne savez pas comment la définir ? Vous avez simplement envie de vous informer sur les nouvelles identités de genre ? Lisez la suite, on vous explique.
2- Quelles sont les différentes identités de genre ?
Il est important de préciser comment les identités se construisent avant de les nommer.
La construction de l’identité
Elle résulte de l’interaction de plusieurs choses :
- facteurs biologiques ;
- normes culturelles ;
- capacité et volonté de correspondre à la norme.
De nombreux jeunes ne se reconnaissent pas dans les normes et les attentes socioculturelles. L’émergence de néologismes en est la preuve, car nommer c’est aussi donner le droit d’exister et d’être visible. Bien que non exhaustive, on vous propose une courte liste, pour ne plus se sentir déconnecté de la réalité…
Petit lexique des identités
- Féminin : une personne de genre féminin se reconnaît dans les caractéristiques féminines définies par la société.
- Masculin : un individu de genre masculin est en accord avec critères masculins définis par la société.
- Non binaire : se dit de quelqu’un qui ne se reconnaît ni dans le masculin ni dans le féminin.
- Gender fluid : la fluidité signifie que l’identité de genre varie, oscille entre le féminin et le masculin.
- Gender queer : un homme ou une femme qui ne se définit ni par le genre masculin ni par le genre féminin.
En fonction des organes génitaux de naissance, un individu peut être :
- Cisgenre : l’identité de genre correspond au genre donné à la naissance (majorité de la population).
- Transgenre : l’identité de genre ne correspond pas au genre donné à la naissance.
Ces mots ne nomment pas de nouvelles réalités, mais ce qui existe déjà. C’est donc une évolution dans la perception et la prise en compte. Les nouvelles poupées Barbie créées par Mattel en sont un exemple. Si les modèles de Barbie trisomique ou en fauteuil roulant symbolisent l’inclusion des personnes porteuses de handicap, d’autres sont tournées vers la diversité des identités de genre. L’exemple le plus parlant étant le modèle de Barbie transgenre, inspirée par l’actrice Lavern Cox.
« Parfois aussi le changement de dénomination marque une volonté de modifier la manière de concevoir certaines réalités. » Pruvost et Sablayrolles
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3- Qu’est-ce que l’expression de genre ?
L’expression de genre se définit par l’apparence et les comportements. Ce concept, qui fait débat dans nos sociétés, fait référence à la manière dont les individus choisissent de se présenter au monde. Certaines personnes ont une expression qui correspond aux normes sociales, d’autres se démarquent.
En occident, certains traits sont associés à la masculinité (force, courage, pouvoir, agressivité…) ou à la féminité (douceur, pudeur, prudence, etc.) Il en est de même pour certaines pratiques, comme le sport. Même si certaines pratiques physiques connaissent enfin une popularité auprès des femmes, les sports répondent majoritairement à cette logique d’association. La perception de l’expression de genre repose donc sur des stéréotypes sociaux et influence grandement l’organisation de nos sociétés.
L’idée même du genre peut paraître compliquée. Pourtant, il suffit de remettre en question le déterminisme biologique (qui prévaut dans la perception quotidienne des différences entre femmes et hommes) pour mieux comprendre. De nombreux jeunes adhèrent aux idées de la communauté LGBTQIA+, qui s’exprime au nom d’une liberté d’expression de genre et qui bouscule le modèle binaire. Il est important de préciser que l’expression de genre ne définit pas forcément l’identité. On peut s’exprimer sans coller aux normes, sans ressentir une discordance avec son genre. De plus, l’identité et l’expression de genre n’ont aucun rapport avec l’orientation sexuelle.
drapeau LGBTQIA+ inclusif design 2019
L’institut européen pour l’égalité entre les hommes et les femmes donne une définition complète du genre et note qu’il détermine ce qui est attendu, permis et estimé chez une femme ou un homme dans un contexte donné. Dans la plupart des sociétés, il existe des différences et des inégalités (responsabilités, activités professionnelles…). La représentation du pouvoir est majoritairement masculine, même si on tend aujourd’hui vers une parité au sein des institutions. Le genre s’insère donc dans le contexte politique et socioculturel. Une partie de la jeune génération refuse ce déterminisme lié au genre. Elle estime que l’égalité existe dans une société où chacun est libre de s’exposer au monde comme il le souhaite, même si cela ne colle pas avec ce qu’on attend de lui. À méditer…
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Sources :
Julie Brial, pour e-Writers.
