Cela n’a pu vous échapper, votre facture énergétique ne cesse de s’envoler. En témoigne un rapport de l’INSEE daté de décembre 2021, qui révélait déjà une hausse des prix de 65 % (toutes énergies cumulées). La situation internationale, notamment avec l’embargo sur les importations russes, laisse à penser que ces augmentations sont vouées à perdurer… Face à cette situation, de plus en plus de particuliers décident de produire leur combustible de façon autonome. Saviez-vous que vos excréments sont une mine d’or que vous pouvez valoriser en un gaz libre et gratuit : le biogaz ? Transformer ses déchets en énergie n’a jamais été aussi facile. Voici les clés pour recycler vos restes et les convertir en gaz ou en électricité, dans votre jardin.
Fabriquer du biogaz, un processus naturel qui permet de transformer ses déchets en énergie
La digestion de la vache comme modèle
Avant d’espérer pouvoir être autonome en énergie grâce à ses déchets et produire du gaz gratuit, il faut comprendre le processus de formation du biogaz. Nous savons tous que les vaches rejettent du méthane dans leurs flatulences. C’est à cause de la fermentation stomacale de l’herbe qu’elles ingèrent. La méthanisation consiste à reproduire ce phénomène.
La récupération des déchets en gaz commence par le remplissage régulier d’une cuve (appelée « digesteur ») avec des débris organiques. Dans ce méthaniseur, chauffé et privé d’oxygène, des bactéries (dites « anaérobies ») vont se développer en se nourrissant des détritus verts. Il en résulte une fermentation, source de gaz. C’est le même phénomène que l’on peut observer l’été dans les marais. Avec la chaleur, et faute d’oxygénation suffisante, du méthane (à l’odeur caractéristique d’œufs pourris) remonte à la surface.
De cette fermentation biologique dans le digesteur, on obtient un gaz naturel et biologique : le biogaz. Il est constitué de différentes émanations (dont CO2 et O2) inutilisables. On va donc les laisser s’échapper. C’est uniquement les 45 à 65 % de méthane du mélange qui seront gardés et employés. En effet, le gaz naturel qui alimente nos appareils domestiques n’est autre que du méthane…
Les bactéries se nourrissent de déchets organiques
La méthanisation est un mécanisme biologique qui ne fonctionne qu’avec des détritus biodégradables. La liste des déchets organiques utilisables est longue.
Les rebuts industriels
L’industrie agroalimentaire produit beaucoup de pertes, notamment en provenance des abattoirs, des laiteries ou du secteur vigneron. La filière biogaz permet de recycler ces ramas organiques. Il en va de même pour les boues d’épuration, résidus de filtration des eaux usées en station.
Valoriser les déchets organiques de ce type peut être faisable chez les particuliers qui vivent sur des terrains isolés, non raccordés aux égouts ; et qui se servent de « mini stations d’épuration » à échelle domestique. Si vous possédez un broyeur, vous pourrez aussi utiliser les débris des carcasses de volailles et les os des viandes.
Les ordures ménagères
Chaque habitant génère en moyenne plus de 5 tonnes d’ordures
Le ministère de la Transition écologique révèle qu’en 2018 chaque habitant a généré 5,1 T d’ordures en moyenne. Avec la quantité de rebuts organiques que nous produisons, l’autosuffisance énergétique est à portée de poubelle. Les reliquats de repas, les ramas de tonte et autres débris végétaux constituent l’inventaire des déchets organiques recyclés permettant d’être autonome en gaz.
Cette démarche, en plus d’être financièrement avantageuse, vise à adopter une attitude écoresponsable. Lutter contre le gaspillage est d’ailleurs la première étape par laquelle chaque ménage devrait commencer.
Exemple de déchets organiques valorisables pour être autonome en gaz. Source : pixabay
Les détritus agricoles
L’agriculture et l’élevage nous donnent un parfait exemple de valorisation des déchets à grande échelle. Chaque jour, les animaux de rente expulsent des tonnes d’excréments. La méthode traditionnelle consiste à en faire du lisier. Plus performante, la méthanisation permet aux agriculteurs le recyclage de ces déchets en énergie tout en récoltant un engrais prolifique.
Nos compagnons domestiques produisent aussi des excréments valorisables. Il en va de même pour l’être humain… Recycler ses fèces pour en faire de l’énergie gratuite peut sembler intrigant, voire rebutant, au premier abord. Des solutions existent cependant pour raccorder les toilettes directement au digesteur, sans vue ni odeur.
Le digestat, un résidu d’absorption très fertile
Le phénomène de méthanisation dans le digesteur a pour conséquence la production de biogaz, comme nous l’avons vu. Mais ce n’en est pas le seul résultat. Les bactéries anaérobies digèrent littéralement les déchets organiques. Il reste donc un résidu de ce phénomène gastrique. Une matière marron appelée digestat. Elle a la particularité d’être très fertile. C’est pourquoi les agriculteurs l’utilisent comme engrais et l’épandent sur leurs champs.
À la maison, ce peut être un excellent compost pour faire croître un potager. Les adeptes de l’autonomie alimentaire cultivent depuis longtemps leurs fruits et légumes. Atteindre l’autosuffisance végétale permet d’économiser beaucoup d’argent. Surtout si vous adoptez le flexitarisme alimentaire ou le véganisme.
Autonomiser sa production de gaz, un bénéfice auquel n’importe quel foyer avec jardin peut aisément prétendre
De la méthanisation industrielle aux solutions pour particuliers
Par le passé, le recyclage des souillures en biogaz était réservé aux industriels. Le secteur pionnier étant celui de l’agriculture. Les techniques étaient pensées pour la valorisation énergétique des déchets en masse ; avec des volumes de détritus que seuls les professionnels pouvaient fournir.
La méthanisation agricole permet de créer du gaz gratuit en valorisant les déchets organiques. Ici un exemple de biodigesteur industriel, qui rend l’exploitation autonome en énergie. Crédit : Pixabay
Maintenant, la donne a changé. En cause, l’augmentation constante des prix des carburants et un nombre croissant de personnes voulant être autonomes… Des solutions plus abordables ont vu le jour. Toutes ces solutions requièrent cependant un jardin, en raison du dimensionnement des systèmes et de l’odeur du méthane. La situation idéale étant un terrain rural.
Les méthaniseurs domestiques rendent le biogaz accessible
La demande de « Monsieur Tout Le Monde » de pouvoir engendrer de l’énergie libre a créé un marché auquel des sociétés ont répondu. Dans le secteur de l’autonomie en gaz, la start-up israélienne HOMBIOGAS a mis au point un biodigesteur tout-en-un. Il se caractérise par ses dimensions réduites et sa facilité d’utilisation pour les particuliers. Ce qui en fait une véritable solution « de jardin ». Le méthane produit peut être directement raccordé aux canalisations de la maison.
Le « Do It Yourself », ou créer sa mini usine à gaz maison
Il n’est cependant pas nécessaire d’acheter un méthaniseur tout fait. Les adeptes de l’autosuffisance se lancent souvent dans des projets de constructions « maison ». De nombreux tutoriels sur la réalisation d’un biodigesteur en « Do It Yourself » sont disponibles sur Internet.
Valoriser ses déchets, un choix environnemental qui soulage aussi la facture énergétique des ménages
De l’énergie libre, pour un usage domestique
Être en mesure de créer du méthane signifie, suivant les capacités de production, rendre gratuit tout ou partie de son usage en gaz. Une bénédiction pour les foyers ; cette énergie étant nécessaire pour de nombreux points de consommation coûteux de la vie quotidienne : cuisson des repas, chauffage des habitations, production d’eau chaude sanitaire.
La méthanisation permet d’être autonome en gaz grâce à ses déchets et de cuisiner gratuitement. Source : Pixabay
La génération d’électricité est même possible à partir du biogaz. Il suffit d’utiliser celui-ci pour faire fonctionner un groupe électrogène, qui produit le courant. Plus fort encore, il existe des systèmes dits « de cogénération de biogaz» qui permettent de fournir électricité, chauffage et eau chaude en même temps.
Le gaz, un carburant économique pour un véhicule plus propre
Parmi les carburants qui permettent à nos voitures d’avancer, le gaz reste peu connu. Pourtant, le prix du GNV (gaz naturel de ville) est plus faible au litre que celui du pétrole, et sa pollution est moindre. C’est d’ailleurs pour cette raison que de plus en plus de transporteurs adaptent leurs camions au gaz.
Vous l’avez deviné, cela peut devenir encore plus intéressant si l’on est capable de produire du gaz gratuit… Le biogaz issu de la méthanisation et employé pour faire rouler les véhicules est appelé BioGNV.
Une station de fuel pour remplir son véhicule au biogaz. Rouler au BioGNV permet le recyclage des déchets en énergie gaz. Crédits : Pixabay
Un gain financier, quelles que soient les possibilités
Vous l’aurez compris si vous êtes en mesure de donner naissance à votre biogaz, vous réaliserez de grandes économies. Pour cela, il suffit de consommer votre propre production pour les divers postes de dépenses du foyer. Mais les bénéfices peuvent aller plus loin, car il vous est aussi possible de gagner de l’argent avec celle-ci. De nombreux fournisseurs d’énergie rachètent l’excédent, directement sous forme de méthane ou transformé en électricité.
Enfin, si vous n’avez pas la capacité de faire du biométhane, tout n’est pas perdu. Les prix du gaz vert ont diminué et certains pourvoyeurs le vendent même légèrement moins cher que le gaz traditionnel, l’écologie en plus.
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Transformer ses déchets en énergie est donc autant une initiative économique qu’écologique. Elle se place dans une démarche d’autonomie globale, incluse au sein d’un écosystème logique, en accord avec la nature.
⏩Pour aller plus loin, consultez notre excellent article afin d’apprendre la permaculture. Vous y découvrirez les clés de l’autosuffisance et de l’abondance.
Olivier Millot, pour e-Writers.
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Agathe, tutrice de formation chez FRW.
Sources :
Étude de l’INSEE sur le budget énergétique
Le biogaz par le ministère de la Transition écologique
Qu’est-ce que le biogaz par Antargaz Énergies
