Beaucoup d’êtres vivants ont un jour coexisté sur notre planète. Peu peuvent se targuer d’avoir vu naître et mourir les dinosaures, moins encore de leur avoir survécu assez longtemps pour percer au cinéma des millénaires plus tard… Bien avant Les dents de la mer, les requins avaient déjà acquis une solide notoriété parmi les prédateurs des océans. Mais saviez-vous que les squales jouent en réalité un rôle écologique majeur au sein de la biosphère marine ? Ces poissons ancestraux sont pourtant les premières victimes de l’activité humaine – et de sa relative indifférence. La surpêche, le shark finning ou encore le squalène, quelle importance ! Le grand écran en fait des tueurs des récifs par excellence : comment ne pas comprendre le désintérêt du public pour leur sort ? Des voix s’élèvent heureusement en faveur des requins en voie de disparition. Associations et gouvernements s’activent à protéger les espèces les plus en danger. Et vous aussi, vous pouvez agir à votre échelle pour sauver le requin de l’extinction.
L’importance des requins dans l’écosystème marin
Superprédateurs du royaume aquatique, ces poissons cartilagineux remplissent une fonction prépondérante dans la santé de nos océans. Une image valant mille mots, tâchons de visualiser celle-ci : si les mers étaient le sang de notre planète, les squales en seraient alors les globules blancs. En éliminant les animaux faibles ou malades, ils permettent aux spécimens les plus en forme de se reproduire entre eux – la garantie, pour une espèce, d’un génome sain. En contrôlant les populations des prédateurs intermédiaires, ils assurent l’équilibre des niveaux trophiques et donc, la survie de la biodiversité marine. Les biologistes ont ainsi pu observer qu’en régulant le nombre de tortues vertes, le requin-tigre participait activement à la conservation des herbiers marins d’Hawaï.
Les squales ont également une place surprenante dans le cycle du carbone : le carbone bleu, plus précisément, constitue 10 à 15 % de leur biomasse. Lorsqu’un requin meurt de causes naturelles, son corps coule au fond des océans, aussi le carbone qui le compose s’y retrouve enfermé… Quant aux spécimens victimes de nos filets, c’est logiquement une autre histoire. Toute cette matière carbonée s’échappe à la place dans l’atmosphère, partiellement sous forme de dioxyde de carbone. Autrement dit, chaque requin tué augmente indirectement la quantité de chaleur piégée près de la Terre – le fameux effet de serre.
Ils ont mauvaise presse, mais leur rôle est essentiel… Les squales ont finalement plus en commun avec les renards roux qu’il n’y paraît ! Et comme pour ce petit canidé rusé, un simple changement de point de vue suffirait à accomplir beaucoup de choses en faveur des requins en voie de disparition.
Les menaces qui pèsent sur les squales et leur impact économique
Comme l’ours blanc en péril d’extinction , le plus célèbre des poissons à aileron trône parmi les victimes de nos modes de vie. Au moins, avec les requins, nous garderons le plaisir du cinéma : de Peur Bleue à Jurassic Park…
Les détracteurs du genre diront que, de toute façon, les films de requins se suivent et se ressemblent. Ils ont probablement raison : quand il s’agit de tuer, nous sommes beaucoup plus inventif que les squales. Simple et barbare, le shark finning en est un bon exemple ! On retire le poisson de son habitat naturel, et on lui tranche son aileron. Il ne reste guère plus qu’à le rejeter à l’eau pour qu’il y meurt lentement.
Le marché de l’aileron de requin est devenu florissant ces dernières décennies, en Asie notamment. On y échange ainsi chaque jour un peu de la santé de nos écosystèmes pour un bol de soupe vendu à prix d’or, l’équivalent selon l’espèce de 400 euros. Ironie récemment découverte, le requin pourrait au final avoir le dernier mot : son aileron n’est pas seulement fade, il est toxique ! Il reste à espérer que sa popularité dans le monde de la restauration va en prendre un coup… Il serait temps : un tiers des espèces de requins sont déjà au bord de l’extinction.
On ne saurait néanmoins s’arrêter en si bon chemin. Connaissez-vous le squalène ? Il s’agit d’un lipide naturel présent dans le foie de nombreux animaux – même le nôtre. Mais dans le corps du requin, il est exceptionnellement abondant ! Il n’en faut guère plus pour massacrer quelques millions de squales supplémentaires chaque année. Hideux symbole de notre époque, le squalène a deux emplois majeurs : les vaccins et les cosmétiques. Le plus exaspérant ? On sait parfaitement produire du squalène de synthèse.
De nombreuses études démontrent pourtant que la disparition des requins a également des conséquences économiques importantes. Le cadavre d’un squale se négocie une cinquantaine de dollars, une centaine au mieux. Le secteur de la plongée sous-marine bénéficie en revanche de leur présence : l’État de Floride a ainsi vu cette industrie engranger 220 millions de dollars et maintenir 3 700 emplois sur l’année 2016. Quant aux Bahamas ou aux Maldives, 113,8 et 38,6 millions de dollars respectivement.
Pour faire simple, prosaïque et parler à tout le monde : un requin vivant vaut beaucoup plus qu’un requin mort. Et il rapporte plus longtemps.
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Les actions de conservation mises en place pour la sauvegarde de ces poissons prédateurs
Le problème des requins en voie de disparition rencontre depuis peu un certain gain d’intérêt. Surtout de la part de la population amenée à fréquenter ces animaux ! On peut noter la création très récente par l’assemblée de la Province des Îles Loyauté de la catégorie juridique des ENJ – entités naturelles sujets de droit. Conçu avec l’intervention de l’Institut de recherche pour le développement, ce statut permet aux requins et aux tortues d’agir en justice par l’intermédiaire de porte-paroles pour faire respecter leurs intérêts.
Plus indirectement, l’Australie a annoncé la création d’une aire de préservation au large de l’île Macquarie. La protection de l’écosystème environnant encouragera à coup sûr la présence du grand requin blanc, connu pour traverser parfois ces eaux.
Les squales jouissent aussi de l’appui de grands groupes qui travaillent à les faire connaître. En bon exemple, voilà plus de 30 ans déjà que Discovery Channel a inauguré la Shark Week ! Une semaine entière de programmes télévisés consacrés uniquement à nos amis cartilagineux. De nos jours, la Shark Week est l’évènement médiatique de conservation des requins le plus suivi. Et il en a inspiré d’autres comme la Paris Shark Week, anciennement Paris Shark Fest. Conférences, courts-métrages, documentaires, rencontres… Tout est mis en œuvre pour apprendre à mieux connaître les requins. Et, si ce n’est à les aimer, à les respecter.
Les façons d’intervenir soi-même pour sauver les requins en voie de disparition
« Nous réalisons que ce que nous accomplissons n’est qu’une goutte dans l’océan. Mais si cette goutte n’existait pas dans l’océan, elle manquerait. » – Mère Teresa
Chacun à son échelle est en mesure d’aider à préserver les squales. Les requins sont en voie de disparition, c’est un fait. Mais pas encore une fatalité ! Les petits gestes et choix du quotidien ont un impact étonnant…
- Vous pouvez faire des dons aux associations de votre choix. Shark Mission France est une excellente option. Mais vous pouvez aussi adopter un requin avec WWF !
- Refusez strictement d’acheter des produits cosmétiques qui n’utilisent pas de squalène de synthèse ou végétal.
- Lorsque vous achetez des produits de la mer, dirigez-vous vers les options certifiées durables.
- Veillez à ne pas consommer de viande de requin. Attention aux appellations douteuses dans les ingrédients de préparations culinaires, comme « protéines de poisson »…
- Participez à des actions locales ! Nettoyer les plages et les fonds marins est une occupation tout à fait noble. En outre, vous participez à l’assainissement du milieu de vie des requins.
- Dans la mesure du possible, choisissez un mode de vie durable. L’achat en vrac est par exemple une bonne solution pour lutter contre le suremballage. On sait où finit le plastique !
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De la période de l’Ordovicien à nos jours, les requins ont survécu à quatre extinctions de masse sur plus de 400 millions d’années. Aurons-nous un jour l’arrogance de dire « nous, on les a eus » ? Agissons dès maintenant envers eux avec bon sens et équilibre, et on peut encore espérer que non !
Sources :
Widespread diversity deficits of coral reef sharks and ray – Science
Economic value of sharks – DCNA
30 years of shark fishing in West Africa
Overfishing puts more than one-third of sharks at risk of extinction – WWF
Dylan Marre, pour e-Writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web chez FRW.
Article relu par Clémence, tutrice de formation chez FRW.