« Nous avons commencé à élever un peu plus nos filles comme des fils… mais peu d’entre nous ont le courage d’élever un peu plus leurs fils comme des filles. » – Gloria Steinem

Ça y est, le XXIe siècle est désormais bien entamé et notre société occidentale continue son évolution vers l’égalité des sexes. La lutte féministe, ainsi que l’affirmation de la communauté LGBT, dénoncent à voix haute le modèle patriarcal et ses préjugés. Vous savez, celui qui enferme les filles et les garçons dans des stéréotypes de genre ? Eh bien ses carcans se brisent enfin ! Lentement, mais sûrement. Vous souhaitez être acteur de ce changement ? Que vos enfants ne subissent pas les effets limitants de normes imposées dans votre propre enfance ? Et si cette déconstruction passait par l’éducation non genrée ? Ses principes éducatifs boostent la confiance en soi et sont les fondements d’une société plus égalitaire. Si tout cela vous inspire, mais que vous ne savez pas par où commencer, voici sept pistes pour élever vos enfants indépendamment de leur sexe.

1. Observer ses propres préjugés sexistes

La première chose à faire lorsqu’on ne souhaite pas reproduire l’éducation qu’on a reçue est d’en constater les conséquences. S’interroger sur ses propres réflexes, observer ses réactions, ses pensées et se demander si elles seraient les mêmes au sujet d’une femme qu’à propos d’un homme… Faire son autocritique avec bienveillance et sans culpabilité permet déjà d’y voir plus clair sur les changements à opérer en soi-même. C’est un passage obligé avant de vouloir transmettre d’autres valeurs. Pour vous guider dans cette introspection, voici l’affiche éclairante conçue par Charline, créatrice du blog « Mon fils en rose ». Vous pourrez analyser vos schémas ancrés sous son spectre. On y découvre dix aspects de notre vie qui ne devraient pas être genrés :

Affiche créée pour le blog « Mon fils en rose » qui récapitule les 10 aspects de notre vie qui ne sont pas genrés.

10 clés pour dégenrer l’éducation. Crédit : Charline, blog “Mon fils en rose”

👉 Écouter le guide audio de cette affiche.

2. Faire attention aux mots qu’on emploie

« C’est dans les mots que nous pensons », écrivait le philosophe Hegel dans sa Philosophie de l’Esprit, démontrant le rapport étroit entre le langage et la pensée. Bien des expressions discriminantes sont ancrées dans notre quotidien et il est primordial qu’elles en sortent. En effet, elles véhiculent souvent l’idée d’une hiérarchie entre les hommes et les femmes et renforcent les notions de « sexe faible » et « sexe fort ». Ces deux termes nous viennent tout droit du péché originel d’Ève, opposant dès lors sa « faiblesse » à la « force » d’Adam… Il est grand temps de nettoyer notre parole de ces images d’une autre époque afin d’offrir à nos enfants une nouvelle représentation d’eux-mêmes ! Aussi, voici une petite liste non-exhaustive que vous pouvez vous amuser à compléter :

    • « porter la culotte » ;
    • « garçon manqué » ;
    • « femmelette » ;
    • « chochotte » ;
    • « avoir des couilles » ;
    • « C’est qui l’patron ? » .

3. Montrer l’exemple pour une éducation non genrée

L’éducation est en grande partie liée au modèle que l’on incarne, dans les mots comme dans les actes. Un papa qui pense à lancer une lessive et sait soigner un bobo avec un bisou magique. Une maman qui n’attend pas Monsieur pour changer l’ampoule qui vient de sauter ou gonfler les pneus de la voiture avant le départ en vacances. Cela vous paraît anodin ? Et pourtant ça change tout ! Sortir les futures générations des stéréotypes de genre passe évidemment par une meilleure répartition des tâches au sein du foyer. Selon l’Observatoire des inégalités, « en France, les femmes d’âge actif passent en moyenne chaque jour trois heures aux tâches domestiques quand les hommes y consacrent 1 h 45, les mères 1 h 35 aux tâches parentales, les pères 41 minutes ». Dès lors, enseigner comment repasser une chemise à son fils est aussi utile que de demander un coup de main à sa fille pour vider le siphon du lavabo !

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4. Proposer un large éventail de jeux et d’activités libres

Deux petits enfants faisant le course dans la rue, la petite à moto et le petit à vélo.

Un frère sur un vélo et sa sœur sur une moto pour des jeux libres et partagés hors des stéréotypes de genre. Crédit : pixabay

D’après le site éducation.gouv.fr « Après le baccalauréat, dans les classes préparatoires aux grandes écoles, 74 % des élèves des filières littéraires sont des filles, pour 30 % des élèves de filières scientifiques. ». Pour que vos adolescents aient un regard ouvert sur le monde professionnel, loin des clichés liés au genre, autorisez-les dès petits à expérimenter un large panel de jeux. D’abord, le jeu libre leur permettra de manipuler les jouets qui attirent leur attention sans craindre d’être moqués pour leur curiosité. Ensuite, vous devrez les laisser tester les sports et activités qui les animent et ne pas choisir pour eux. Les garçons pourront donc aller vers des activités artistiques ou du bénévolat pour développer leur sensibilité et leur empathie. Les filles, elles, auront tout le loisir de jouer aux échecs ou de s’inscrire dans un club de rugby féminin pour prendre confiance en leurs capacités intellectuelles et physiques. Découvrir ses dons, se sentir libre d’être soi et s’accomplir dans ce qui nous fait vibrer s’alimente dès le plus jeune âge. Encouragez vos enfants dans tous leurs talents, quel que soit leur sexe et leurs choix. Vous en ferez des gens heureux.

5. Laisser filles et garçons exprimer toutes leurs émotions

Dites-le haut et fort à vos garçons : ils ont le droit de pleurer, d’avoir peur, d’être doux et d’exprimer leurs sentiments sans en avoir honte. Au même titre que la colère et la mauvaise humeur sont légitimes chez une fille si elle ne se sent pas respectée. L’expression des émotions est une nécessité pour tout individu, qu’elles soient positives ou non. Il en va de la santé (mentale et physique) et de l’équilibre de chacun. Pour trouver sa place dans la société, il faut avoir appris à exprimer ses besoins, donc à décrypter ses émotions. Comme toujours, montrez le chemin en tant qu’adulte… Mais invitez-les aussi à verbaliser ce qu’il se passe en eux à la moindre occasion. C’est ainsi qu’on apprend à ouvrir son cœur aux autres. C’est aussi comme cela qu’ils apprendront à trouver des solutions à leurs problèmes plutôt qu’à les ruminer.

« Sans émotions, il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement » –  Carl Gustav Jung

6. Lire des histoires qui rompent avec les stéréotypes du patriarcat

Les histoires du soir blottis dans les bras de papa ou maman font pleinement partie de l’enfance. Elles sont indispensables au développement de l’imagination et du langage, mais dépeignent aussi un monde. Or, les contes traditionnels sont bourrés de clichés sexistes. Ce déterminisme n’augure rien de bon pour la future vie amoureuse de nos chers petits ni même pour leur positionnement en tant qu’individu. Pas question d’éliminer complètement les classiques. Toutefois, vous pouvez tout à fait les revisiter un peu (surtout tant que l’enfant ne sait pas lire). Ou tout simplement les commenter avec eux. Pour contre-balancer, introduisez des ouvrages plus modernes. Ces 10 dernières années, les héroïnes ont pris toute leur place dans la littérature jeunesse. En outre, les personnages masculins ont développé d’autres particularités que le courage et la force. Ouf ! 😮‍🙏 N’hésitez pas à leur faire également découvrir de vraies histoires telles que celle de l’astronaute Sophie Adenot qui les fera rêver en grand.

7. Continuer sans cesse à interroger ses pratiques

La parentalité positive et bienveillante est un apprentissage, surtout lorsque l’on ne l’a pas toujours reçue soi-même. Il est normal de tâtonner, se tromper et se sentir parfois découragé. De plus, les enfants grandissent, évidemment, avec à chaque âge de nouvelles problématiques. Par conséquent, vous devrez vous adapter et continuer à vous informer, à la recherche de ressources inspirantes. Mais rassurez-vous, elles ne manquent pas, et sous maintes formes différentes : livres, articles, podcasts, vidéos et même spectacles ! Bien des professionnels traitent ce sujet depuis quelques années, car il est absolument fondamental à l’épanouissement et à la liberté de chacun. En voici quelques exemples pour compléter cet article :

  • le livre « Éducation non sexiste » de Brigitte Laloupe, éditions Mango, 2020 ;
  • le podcast « Les adultes de demain » de Sylvie d’Esclaibes, en commençant par cette vidéo sur l’éducation non genrée avec Aline Laurent Mayard :

  • les spectacles parisiens de Noémie de Lattre et Samuel Certenais « L’harmonie des genres » et « Sam est un garçon ».

👉 Pour aller plus loin, pensez au coaching parental.

Derniers conseils : n’oubliez pas d’offrir à vos filles des vêtements confortables afin qu’elles puissent bouger librement ! Enfin, essayez de tolérer les mêmes comportements et d’avoir les mêmes attentes pour les deux sexes.

Vous connaissez maintenant la définition et les grands principes de l’éducation non genrée pour élever vos enfants. À vous de les aider à construire un monde plus juste et plus ouvert ! Quel enjeu est plus beau que celui-ci ?

Hélène Agénor pour e-writers
Article rédigé lors du cursus de formation en rédaction web FRW.
Article relu par Daphné, tutrice de formation chez FRW.

Sources :

https://www.inegalites.fr/que-faire-partage-taches-menageres

https://www.education.gouv.fr/egalite-entre-les-filles-et-les-garcons-9047

https://jenandthekidz.com/education-non-genree-et-stereotypes/